Qu’est-ce qu’on fait dans ces ateliers ? On vit. Principalement. On vit ce que l’on fait. Et c’est cette vivance qui nous ouvre la voie.
“Voir sa voix“, je ne pensais pas que ce jeu de mot pouvait avoir cet effet-là. D’être ce que l’on est. Et de passer d’un “moi je“, autocentré, à un “moi là“, tout simplement centré.
Nous travaillons physiquement, concrètement sur “Le centre“. Notre centre, dit parfois hara, situé plutôt dans le bas, au niveau du centre de gravité réel du corps. Et puis cet autre centre, un peu plus haut, logé autour de ce que certains appellent le chakra du cœur, et puis les quatre membres en étoile qui s’articulent autour de ce centre du haut et de ce centre du bas, et puis le pied : l’avant, et l’arrière du pied, et puis l’espace, et puis le sol, et puis le partenaire. Le centre du partenaire. Nous travaillons tout ça avec simplicité jusqu’à ce que quelque chose curieusement se décolle, et ce quelque chose est peut-être une partie de soi, une vieille peau, une coque, un petit carcan, bien incrusté dans la conscience de soi.
Curieusement, au détour d’une improvisation vocale, rythmique, gestuelle ou autre, on s’en trouve défait. Marion met juste sa main dans un petit coin de soi, derrière la tête, sur le front, ça s’en va. La performance est là. L’unique performance au fond c’est de pouvoir rester soi alors qu’on contacte le monde.
Nous allons pouvoir nous aventurer dans le monde extérieur. La villa, la place de la ville, les enfants, et nous jouons, en toute liberté.
Les enfants ne s’y trompent pas. Ils rentrent dans la performance, parce qu’ils sont, eux, toujours branchés à cet endroit-là, dans ce “moi là“.
Nathalie Picard